lundi 7 décembre 2009

LA PORTE DE CLICHY vue par Uriel



Mère de la Chapelle, Marraine de Clignancourt, Sœur aînée de Saint-Ouen et parente de bien d’autres, la Porte de Clichy est à l’image de sa famille populaire recomposée. Avec leurs âmes multicolores, chantiers d’envergure, bars et petits commerces en tout genre et leur carrefour « périfleurique », toutes offrent aux regards bienveillants une richesse inépuisable. Pourtant, si d’apparence elles se ressemblent, ce n’est qu’en écoutant vivre chacune qu’on peut en découvrir les facettes propres, ne serait-ce qu’une seule. Dans ma quête obsessionnelle, celle qui m’a touché chez Clichy, c’est sa « bruyante discrétion ».

J’ai ouvert la porte de Clichy plusieurs fois et de différentes manières. D’abord fermée à clé, je l’ai forcée, armé d’une excitation naïve et d’un appareil à la gâchette facile. Entre espionnage, imposture et prétention, j’en suis ressorti les poches pleines de clichés mais vide de sens. Alors la fois suivante, j’ai œuvré sans forcer, cherchant patiemment un de ses secrets et surtout le moment propice pour tirer son portrait, mais encore une fois… sans succès : trop refermée, trop sur le qui-vive, elle me boudait et mes photos aussi. J’ai digéré cette résistance, puis j’ai regardé à nouveau mes clichés et j’ai fini par comprendre que cette porte ne m’ouvrirait sans grincer que si l’errance était mon guide.
J’ai donc emprunté cette voie intérieure. Désormais fondu dans le décor, j’ai traversé, zoné, cherché à l’imiter et c’est dans ma propre solitude que j’ai trouvé l’affinité. Aussi esseulé que mes sujets, je les ai rencontrés sans paroles, sans sourire, transparent. Certaines photos en sont le témoignage, vous les reconnaîtrez…
Les autres ne sont pas une trahison et ne remettent en cause rien de ce que je viens de vous livrer. Au contraire, elles ne font que compléter cette partition. Certaines ont été prises au début de mon périple alors que mon regard flirtait sans estime et d’autres sont le reflet d’une assurance gagnée par un nouveau regard, averti et solidaire.

Cette série n’a pas pour ambition de cerner la Porte de Clichy mais de témoigner d’un voyage initiatique, infime et d’une rencontre éphémère, intime.

Uriel Jaouen-Zréhen

1 commentaire:

  1. TRès beau regard porté sur les gens et sur ce qui les entoure... très intime, weldone !
    Virginie

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